Leslie Kaplan

 
par Sébastien Goffinet

Le problème majeur de ce volume tient au fait que Leslie Kaplan ait produit un métadiscours abondant sur ses propres écrits et qu’ainsi, au-delà de la par ailleurs donc discutable multiplicité des approches (LK et le roman, LK et le théâtre, LK et l’architecture, etc.), la quasi-totalité des contributions cite les mêmes extraits des mêmes textes de LK, aboutissant à la même conclusion selon laquelle toute approche thématique est erronée en ce sens qu’« on peut donc se demander si un tel texte, constitué d’échanges fragmentés dont les thèmes variés, qui ne sont jamais menés à conclusion, se succèdent à un rythme rapide, fait autre chose que de dénoncer […] la vacuité de tout discours soi-disant construit » (p. 151-152).
L’intérêt de ce volume réside ailleurs : la grande place laissée aux citations de travaux de Leslie Kaplan (y compris un texte inédit, p. 215-221), l’entretien avec Mireille Hilsum à qui elle parvient pourtant à répondre de manière intéressante, la section « Regards croisés » (où successivement interviennent Jean-Marie Gleize, Fred Léal, Élise Vigier et Frédérique Loliée), donnent envie de lire et relire LK, avec à l’esprit cette formulation qui constitue sans doute l’enjeu majeur de cette poétique singulière : « Il m’a toujours paru évident que ce qui m’intéressait c’était de faire politiquement de la littérature et non pas de la littérature politique, didactique. La dimension politique fait partie du langage. À la fois dans le souci de maintenir un langage vivant […] et aussi d’être très critique par rapport à tout ce qui est asservissement, appauvrissement du langage. » (p. 228-229)
Un appauvrissement dont témoigne hélas ce volume qu’émaillent de trop nombreuses fautes de langue ; c’est n’avoir rien compris à Leslie Kaplan qu’écrire et laisser imprimer, par exemple : « c’est de toi dont on parle » (p. 171).




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Sous la direction de Mireille Hilsum
Classiques Garnier
« Écrivains francophones d’aujourd’hui » n° 3
272 p., 29,00 €
couverture