Ryoko Sekiguchi : La Voix sombre

 
par Jean-Pascal Dubost

Pratiquement ce livre pourrait être un écho au Manger fantôme de la même auteur ; en effet quelle voix fantôme nous hante – que nous avons assimilée, sinon ingurgitée, sans nous en rendre compte – est la question au cœur de ce petit livre. D’un deuil personnel, d’une voix disparue (celui et celle de son grand-père), mais se détachant de la plainte encrêpée, par bribes successives formant une temporalité accumulée, parce que distance géographique et distance temporelle de la perte s’entrecroisent pour former une longue épiphanie méditative, Ryoko Sekiguchi propose une réflexion sur la voix ; le « grain de la voix est le corps même de la voix » ; un corps de voix qui prend corps au fur et à mesure de la progression du texte. Si « la voix est la seule partie du corps que l’on ne puisse enterrer », la voix du ou des disparus n’est-elle pas entombée dans le corps des vivants ? Cette question sourd de ce livre. De même, le corps de l’écrivant n’est-il pas ce minuscule tombeau de l’âme qui s’ouvre et libère les voix ? « La voix est toujours au présent. Elle ne connaît pas la mort ». En ce court texte mais dense d’émotion, Ryoko Sekiguchi enlace la mort de sa voix.




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P.O.L
112 p., 9,00 €
couverture