Valère Novarina : Le Vivier des noms

 
par Jean-Jacques Bretou

Le Vivier des noms est une pièce de théâtre qui fut jouée pour la première fois l’été 2015 au Cloître des Carmes en Avignon. C’est aussi un carnet dans lequel l’auteur qui est aussi peintre note le nom de tous les personnages qui lui viennent à l’esprit. Ces derniers sont souvent inspirés de surnoms ou du patois savoyards où l’auteur passa une partie de son enfance. Novarina fait déjà référence à ce Vivier des noms dans Le Vrai sang en 2010 dans lequel ces derniers apparaissent sous les vocables de logaèdres, de logolithes, de logogrammes ou d’anthropoglyphes. Ainsi retrouve-t-on convoqué par L’Historienne, qui mène le ballet, qui rythme cette marche du monde, Adam qui entre le premier, suivi d’une multitude d’autres tels L’Antropophore, Le Zoographe, L’Acteur de toute viande, La Femme de Plurimoperplexe, L’Enfant de Matagasse ou L’Enfant Sextuple. D’entrée de jeu Adam pose la question essentielle de cette pièce et peut-être de tout le théâtre novarinien : « D’où vient que l’on parle ? Que la viande s’exprime ? » Si l’organe du langage c’est la main comme le dit Novarina dans Argol, le langage est quelque chose que l’on peut pétrir, modeler mais qui ne prend sa vraie dimension qu’au théâtre sur scène ; tandis que le corps des êtres et de l’homme en particulier sont réduits, réminiscence artaudesque peut-être, à de la viande percée de trous. Cette marche du monde, où des centaines de personnages entrent et sortent, n’est cependant en rien pathétique, elle est une sorte de cirque avec toute la dimension « rabelaisienne » et jubilatoire que l’on retrouve dans les autres textes de Novarina.




Share on FacebookTweet about this on TwitterPin on PinterestShare on TumblrEmail this to someone
P.O.L
272 p., 17,00 €
couverture