Daniel Biga : Le Sentier qui serpente

 
par Sébastien Hoët

Daniel Biga est un poète à l’œuvre importante, couramment rattachée à une certaine veine de Beat Generation à la française. Le Sentier qui serpente confirme cette parenté. Le recueil est constitué de deux parties, la partie éponyme comprenant une suite de haïkus, la seconde, intitulée Détache-toi de ton cadavre, donnant quant à elle un long poème en vers libres à la manière du magnifique Howl d’Allen Ginsberg. La première partie propose des « haïkus de voyage et des quatre saisons », qui ne cherchent pas l’effet sonore, ou la sacralisation de l’instant, mais dérobent des moments de grâce, parfois enfantine, à la succession des instants et des paysages : « m’enfonçant dans un taillis / j’y découvre ce lilas : / oh ! la là ! » (p. 23) ou « surgi d’une porte cochère / un visage hilare / s’esclaffe : “il pleut !” » (p. 49). C’est un monde revenu à la nature, à une société d’hommes simplifiée, qui s’ajoure ici, dans ces fissures lumineuses. La seconde partie du recueil est beaucoup plus « vocalisée », « envoyée », pour ainsi dire. C’est un homme qui écrit, depuis sa situation singulière (« j’écris sur un carnet Super Conquérant à / côté d’un platane oxydé / près d’un grand stade de béton abandonné » p. 86), depuis un monde qui dévale une mauvaise pente mais où le poète a encore la force de renouer avec la vie, de la célébrer dans le merle qui chante au cœur d’une cité où personne ne l’entend : « son chant je l’appelle le fil même de la vie / je le reconnais juste mesure au monde » (p. 104).




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Tarabuste
136 p., 12,00 €
couverture