Marc Dachy : La cathédrale de la misère érotique

 
par Christophe Stolowicki

Ou le monument archicubiste d’un zutique flamboyant, d’un gothique foui, la musiquée mosquée, la galerie de mines, le terrier mythique, l’antre à cochons d’Inde à entrées multiples – poème, collage, Ursonate¹ et les hoquets d’un orgue électrique –, la colonne in progress sur sept ans, nécessairement inachevée, architectonique de l’incrusté collé – d’un artiste luxueusement perlant de déchets sa coque huîtrière, son inhabitable, intransportable merzbau². Un cahier central épèle quelques photographies d’une œuvre dont l’organe crée la fonction non fonctionnelle : hérissée d’arêtes une géométrie viscérale, une déferlante prémonitoire des Cavaliers de l’Apocalypse de la bureautique. Dans une caverne platonicienne des indurations d’objets trouvés tiennent office d’idées pures. Un troglodyte habille sa demeure des scalps de sang séché de sa vie intérieure. Chassé de sa maison de Hanovre par les nazis en traque de l’art dégénéré, exilé en Norvège puis en Angleterre, il reconstitue sa coquille une troisième et dernière fois en un modeste merzbarn³ au crépi comme un plumage tavelé de scarifications, blessé d’implants, de tessons. De ces « double[s] métabolique[s] » de Kurt Schwitters, Marc Dachy avec passion érudite commente, documente les nombreux témoignages.




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(d’un rythme supérieur en architecture : le merzbau de kurt schwitters)
Sens & Tonka
80 p., 14,00 €
couverture

1. Enchevêtrant des sons élémentaires.

2. Construction hors commerce, merz découpé de commerzbank en réplique de la création de dada.

3. Grange hors commerce.