Olivier Salon : Sonnets monorimes

 
par Alain Cressan

Il y a souvent quelque chose de ludique, de l’exercice de style, chez Olivier Salon1. En témoignent ces variations sur le sonnet monorime, qui s’ouvre sur deux poètes du XIXe siècle, Charles de Nugent et Ulysse Landeau2. La règle du jeu est indiquée dans la courte préface : répétition de la rime, unique bien sûr, avec quelques contraintes supplémentaires (alternance masculines / féminines). Le jeu peut sembler vain : « À rimailler ainsi mon esprit tombe en loque », constate Landeau. Mais on sait qu’il n’y a guère de gratuité pour le joueur, dans la répétition du geste : « La poésie classique française a horreur de la répétition », bisse, narquois, Olivier Salon.
Le choix des rimes, outre celle en « -ox », qui renvoie bien sûr à Mallarmé, est la plupart du temps celui de rimes en « -oque », « -èque », « -ique », qui, tout en louchant du côté du loucherbem, pour l’aspect loufoque, fait immédiatement penser aux « Tics, tics et tics » de Lautréamont, auquel le sonnet Diabolique renvoie à coup sûr. On pense aussi à Tristan Corbière. L’ensemble, qu’une première lecture prendra pour anecdotique, est en fait plus grinçant, régressif à rebours, tout en gardant un enthousiasme salvateur.




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n° 204
28 p., 7,00 €
couverture

1. Voir La rien que la toute la, BO n° 197.

2. Dont les textes sont prélevés dans l’anthologie monumentale de Jacques Roubaud, Quasi-Cristaux, éditions Martine Aboucaya et Yvon Lambert, 2013.