Feu !!

 
par Bertrand Verdier

Chauds et sensibles et un chouïa gonflés

« Remuant comme des fournaises,
Et secouant tous ses frissons,
Leur chair chante des Marseillaises
Et jamais les Eleisons ! »

Arthur Rimbaud,
Les mains de Jeanne-Marie

FEU !!, couverture rouge et noire, constitue la traduction francophone de l’unique numéro de la revue Fire !! (datée : Harlem 1926 et sous-titrée : Trimestriel dédié aux jeunes artistes noirs), que l’éditeur présente comme « certainement la plus radicale des revues africaines-américaines des Années folles ».
Pertinemment, cette traduction intégrale de Fire !! s’adjoint une postface, signée Claire Joubert, qui n’est signalée ni dans le sommaire, ni en couverture, mais uniquement en page de garde, comme incidemment. Elle y pourtant primordialement recontextualise à la fois la publication initiale et les raisons de sa qualification de « radicale », sa réédition en fac-similé en 1982, ainsi que la présente traduction francophone, dont elle justifie la nécessité ici et maintenant.
S’appesantir sur des désaccords faciles avec Claire Joubert (notamment sa bienveillance envers les problématiques controuvées en vogue (celle par exemple, fort spécieuse, de l’identité), ou de dommageables inattentions (emploi indiscriminé des mots « américain.e », « race », « mondial.e », ...)) a peu d’intérêt. En revanche la postface, au détour de la page 78, introduit une rupture qui subsume la lecture initiale et, sans l’avoir pu influencer, l’enrichit d’une perspective d’ensemble du projet de 1926. Le parallèle établi avec le présent donne aussi et surtout à comprendre que et en quoi cette traduction prend à son tour à bras le corps, prolonge (tels des parlementaires un vulgaire état d’urgence), ce projet de novembre 1926. L’actualité de Feu !!, c’est précisément cette indispensable postface qui la lui confère, car elle en interdit toute lecture s’acquittant historique ou documentaire. Feu !! se lit alors comme un acte militant, jalon parmi tant d’autres encore à poser, contre toutes les menées impérialistes (néo)colonialistes qui n’ont jamais cessé.




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Harlem 1926
Traduction d’Étienne Dobenesque
Postface de Claire Joubert
Ypsilon éditeur
104 p., 23,00 €

couverture