Voici réunis trois livres publiés plus tôt séparément². Apparaît ainsi, dans son unité et sa complexité, la recherche que l’auteur poursuit sur les Éléments de langage. Comme quoi, le langage s’impose toujours d’abord au sujet parlant sous la forme d’éléments pré-arrangés, ce que Dominique Quélen désigne par la complaisance insoupçonnée de la forme, si aisément soumise et rendue. Pressée de servir. Anticipant dans son action la pensée même³. Le retour sinon à l’autonomie de la pensée (perspective naïvement utopique et a-poétique), du moins à son nécessaire exercice, apparente l’écriture à une pratique sportive. Qu’elle soit indexée à l’agonistique du combat (boxe) ou à la fluidité de la marche⁴, elle élabore une poétique du détour et de l’impulsion⁵. Occamien conséquent, Dominique Quélen sait aussi enlever partout où c’est possible. Cette économie étaie la technique du paragraphe avec laquelle il s’emploie à défaire la poésie dans la prose. Par ailleurs, le paragraphe, démarré et clos en cours de phrase, conteste le monopole logique de la période. Ce livre à la beauté abrupte et austère engage son lecteur à assumer – comment faire autrement ? – les éléments de langage, oui, mais pour façonner à partir de l’état dans lequel on se trouve un bloc de substance qui soit autre⁶.