Christophe Manon : Au nord du futur

 
par Claude Favre

Au nord du futur1 / au milieu de la nuit, le jour / cela / ainsi nommées les trois2 formes différentes dans leurs ombres – les possibles de la lucidité, d’un texte qui est expérience, pesée_un mouvement « comme si », un presque bégaiement, danse furtive et osée, en délicatesse, mais fermement. Du constat, tout en questions – coup de rein de la phrase – non sans joie3, entre poème, adresse, chambre d’échos et d’effacement, des apories, échecs des utopies auxquels se heurte notre monde vrillé depuis déjà au moins Villon, Manon, qui tient sa syntaxe, c’est dire s’il connaît la beauté du vertige, nous offre un magnifique Art poétique_histoires de rapts, saisissements, suspension du jugement, effritement du sujet, regard en arrière, saut dans l’inconnu_provoquant à le lire notre souffle, notre rythme cardiaque. C’est qu’il y va d’un monde irrespirable, et singe à ne voir ni entendre, et cela est affaire commune et grave à se jouer de la mort des autres et de l’espoir. Nous avons échoué, cherché, répété « NOUS SOMMES ALLÉS sommes ». Nous étions, nous fûmes, cela sera. Alors, entre, interroger, faire son amas, au lieu que de l’attendu déplacer l’horizon, chacun et son trimballement de pronoms pas tant que cela personnels, et « silence et discours saisis / d’un haut frisson au seuil / de l’advenir. » L’espoir, « et / comme il vacille », lever.




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Nous
« disparate »
112 p., 15,00 €
couverture

1. « Dans les fleuves au nord du futur / je lance le filet / qu’hésitant tu alourdis / d’ombres écrites par / des pierres. » Paul Celan, Renverse du souffle, trad. J.P. Lefebvre.

2. Car il s’agit bien de dépasser le seul ou le duel, de questionner le nous, outrepasser l’humain par les mots, comme le tente Dante.

3. D’où mon désir d’apprendre certaines parties par cœur, tant il y a d’humanité dans ces textes.