Cécile Riou : Chaîne & Chine

 
par Nathalie Garbely

Dédoublant la voix de Li Xingzhao, poète chinoise du XIe siècle, qui chantait
son deuil et « la jupe dégrafée » seule au pied de son lit le soir,
lui empruntant une forme, Cécile Riou écrit au jour le jour des poèmes
sur la soie, cette étoffe protectrice, enveloppant un objet ou un corps légèrement
touché
touchés
du bout des doigts les carrés de tissu cousus sur la page entre deux sections.

Elle réécrit des poèmes anciens, expose son projet et ses questions. Elle décrit
la « fleur du prunier », le motif de la mer, le « sashiko », « le métier », avec
humour. Elle juxtapose ainsi son « divan orange » au « mobile futon ».
Légère, elle devise à partir de « cette matière qui commence dans la
bouche
(bouche !)
d’un ver qui n’a même pas encore une chambre à soi. »

Elle glisse des références littéraires, consacre une section à la carpe courageuse, rappelle les voies du commerce, aborde son propre quotidien, déplie les images, ouvrant les sens, dés-
habille une nouvelle fois son inspiratrice et écoute le bruit étouffé du tissu tombé
et le « frrrr clac » d’une porte en papier. Participant à Poème adressé du jour, elle
dévoile
dissimule
son regard sur la création, dans ce bel ouvrage relié par sa main de poète et couturière.




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Recueil enluminé de tissus japonais
Éditions Poïein
couverture