Mathias Enard : Dernière communication à la société proustienne de Barcelone

 
par Khalid Lyamlahy

Comme le note Olivier Rolin, il y a dans les livres de Mathias Enard « la curiosité du vaste monde, des langues, des styles, des pensées, des gueules » (p. 5). Cette curiosité voyageuse est au cœur de ce recueil poétique en trois parties qui veut « faire concurrence à la mort » (p. 9), restituer la « matière de la steppe » (p. 41) et livrer une « dernière communication à la société proustienne de Barcelone » (p. 85). La poésie de Mathias Enard s’écrit au rythme de ses rencontres avec les terres endolories : les « éclairs furieux » (p. 16) de la guerre à Beyrouth, le poids de la « géographie morte » (p. 31) en Pologne, « le cri des montagnes » (p. 39) aux Balkans. Le poème est comme ce « train qui fend le monde en le créant toujours » (p. 44) : le désir dans le paysage ibérique, le silence dans la campagne russe, le frisson dans la Mer noire et la magie dans les montagnes du Pamir. À Barcelone, le poète est un « être de verbe et de rêve » (p. 95), sa poésie une rencontre des idiomes, une « ballade » (p. 100) ou une « stance » (p. 104) élevée aux scènes de rue. Dans le dernier poème, la mort de Proust, d’Onetti et d’Ángel Vázquez reconstruit « la poétique des grabataires » (p. 111) et les échos de leurs villes perdues.




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Préface d’Olivier Rolin
Inculte
128 p., 14,90€
couverture