Philosophie de la scène

 
par Claudine Galea

Ce volume propose une série d’interventions théoriques autour de la scène de théâtre. La plupart des contributeurs dialoguent entre eux, ils se connaissent bien.
J’emprunte à Michel Deguy, poète, l’une de ses phrases fulgurantes, « le réel n’a pas de réalité sans son double », pour résumer l’endroit de réflexion des uns et des autres.
La scène de théâtre, ce « seuil » à partir duquel nous jouissons de regarder l’expérience de nos vies, est-elle, entre autres, « une assemblée réunie autour d’un vide » (Denis Guénoun), l’endroit où se présente « la marche visible de la pensée » (Nicolas Doutey) ?
Une partie de la scène est vouée à « toujours rester dans l’ombre », comme le souligne Esa Kirkkopelto, et cette non-résolution des problèmes et des questions posés concrètement et symboliquement en fait le lieu d’un questionnement infini.
Peut-être que le théâtre produit des « actions impuissantes, sans effet réel » (Thomas Dommange), mais cette fiction en jeu, qui n’est pas tout à fait une imitation, produit en retour son effet sur le réel. « L’autre comme absolument le même et absolument autre. Rien commun » écrit Michel Deguy.
C’est cela que nous allons regarder-partager au théâtre. Nous sommes l’un et l’autre, ce que la vie ne permet pas vraiment. Alors la scène comme œil ouvert, comme valve entre soi et le monde, comme irréconciliation ?




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Textes de Michel Deguy, Thomas Dommange, Nicolas Doutey, Denis Guénoun, Esa Kirkkopelto, Schirin Nowrousian
Les Solitaires intempestifs
« Expériences philosophiques »
152 p., 19,00 €
couverture