par Jean-Jacques Bretou
Ce livre se compose de soixante et un petits chapitres que l’on peut apparemment aborder dans l’ordre que l’on souhaite. Pourtant, selon son titre, cet ouvrage est un « livre d’histoire ». Il devrait donc faire appel à la recherche, à des connaissances et tenter de reconstruire un passé. Il y aurait alors un déroulement et un enroulement. Or, comme le laisse entendre notre première phrase, on peut le lire dans tous les sens : il n’a pas de date. Olivier Cadiot le confirme page 48 et ajoute : « Ça a des avantages et des inconvénients. » Car en dehors du fait qu’il y a certaines pratiques émergentes souterraines, les « experts qui s’expriment sur ce type de sujet, ce qui apparaît et ce qui disparaît, divisent l’affaire en périodes. » La littérature n’a donc ni fin ni début, c’est un éternel retour du même. De plus s’il s’agit de « littérature récente », celle-ci doit exister depuis peu de temps, dater de peu. Pour cette dernière définition, Olivier Cadiot a aussi son idée. Il nous renvoie, au chapitre intitulé « Mon état de fiancé » (p. 114) où il nous cite une phrase de la Biographie conjecturale de Jean Paul (pour Richter, comme Jean Jacques pour Rousseau) qui, avec d’autres romantiques allemands, serait l’inventeur de la littérature récente, et il souligne que celle-ci « doit l’être, absolument à tout prix. » L’affaire est donc entendue et moins simple qu’il n’y paraît. Mais soyons optimiste et même réjouissons-nous, nous avons affaire à Olivier Cadiot. Même si certaine têtes de chapitre font un peu peur : Action directe, Squat, Train fantôme, IRM, Touché, d’autres nous évoquent la poésie : Rose de personne, Fabrique du pré, de cette poésie qui peut donner des « poème[s] bien vivant[s] [qui] se replie[nt] d’un coup sec comme un canif de poche bien huilé. » Olivier Cadiot nous fait juste comprendre dans ce livre que quelques soient les littératures, il faut les épuiser pour pouvoir leur redonner parole. La littérature n’est pas finie. Il faut avoir le courage comme le dit Chalamov dans Récits de la Kolyma de faire tous ensemble des pas et des pas dans la neige blanche et revenir pour tracer une route.