Alain Dantinne : Précis d’incertitude

 
par Alexandre Ponsart

L’herbe de la toundra tremble avec ce froid et les poils frissonnent face à cette nature fruste et froide. Cinq parties de tailles inégales éclairent ce voyage nordique. Se joignent les peintures d’Alain Dulac qui accompagnent cette impulsion poétique des textes.

Entamer le voyage. Celui des mots, celui de la vie. L’auteur commence par interroger la langue poème avec Parole abrupte. Pour ne pas se perdre il ne faut user de la métaphore qu’avec réserve. Les mots doivent être dépouillés, frotter les peaux contre la pierre à vif car trop souvent la métaphore ne porte pas au delà de nos murs. Voir la réalité et s’y confronter. Une fois en accord avec soi-même, voir la nudité de l’être et l’ascèse de la poésie. Poète, lecteur ne font plus qu’un face à la nature, aux collines solitaires, à la toundra chamanique rude et froide espaces blancs arpents de neige.

Prendre le chemin abrupt de l’exil ce dedans lointain scruter le poème poursuivre ce fil questionner l’extrême.

C’est le moment de partir pour voyager. Je pars abandonner prétextes brol et breloques et direction la Laponie. Sentir le froid et se sentir exister. Contempler ce monde derrière les vitres givrées du train du nord et traverser la brume laiteuse scintille siffle ou gronde ostinato de l’être pour rejoindre les Îles Lofoten. Sous un ciel ouvert trace boréale harmonie de vert force tellurique. L’auteur trace dans la toundra un poème estompé par les vents. Éphémère est la vie, profiter de chaque instant et sentir le froid pénétrer à l’intérieur du corps.

Après ce long voyage dans le grand Nord, l’auteur invite la peinture d’Edvard Munch avec La frise de la vie. Frise qui n’est rien d’autre qu’une reprise du tableau La danse de la nuit. Tout comme les tableaux de Munch mettent en lumière les sentiments (Le cri, le désespoir, l’anxiété) les poèmes d’Alain Dantinne questionnent l’humanité où le cri rebondit de toile en toile.

Puis le voyage prend fin avec ce Tumulte invisible. Nous ne savons jamais vraiment où nous allons alors que les hirondelles elles savent, elles, où elles vont.

Partir à l’intérieur de soi tel un nomade paradoxal

dérivant au fil des jours
dans le rugissement des mers
abandonné sur la rive
du fleuve Amour

exclue des farandoles de plaisir
marche dans un désert
l’ombre affolée de désir




Share on FacebookTweet about this on TwitterPin on PinterestShare on TumblrEmail this to someone
L’herbe qui tremble
144 p., 17,00 €
couverture