par Alain Helissen
Il y a entre le monde et soi des mots qui, pour Michel Bourçon, ne suffisent pas à dire ce « vide d’être » dont il se sent habité, dans la pesanteur d’un corps vieillissant.
« L’incompréhension nous devance », écrit-il, tant ce qui se dit annule ce qui a été dit.
Demeure de l’oubli accentue encore l’inadéquation des mots à exprimer le réel : « les mots encombrent, pèsent leur poids de cadavre ». Pour vivre la plupart d’entre nous se tiennent à la surface des choses en taisant leur intériorité. Pour un peu, Michel Bourçon envierait les objets qui se tiennent dans leur immobilité sans se poser de questions ni attendre le moindre secours des mots. Alors, face au vide existentiel, faut-il ne trouver que dans le sommeil la possibilité de l’oubli ? Ou bien, derrière sa fenêtre, assis sur une chaise, en train de regarder les oiseaux au-dehors ou de lire un livre, se sentir fondu avec les choses, sans souffrance, sans interrogation, juste là avec elles, sereinement ? Il n’y a sans doute pas de réponse à ces questions et Michel Bourçon sait bien que le « repos de soi » ne tient pas d’un simple choix. Et que « l’échec de l’écriture » continuera de le mobiliser, dans ses ouvrages à venir.
88 p., 10,00 €