par Bruno Fern
Le « numéro-manifeste » de cette belle revue, bilingue (français / allemand) et tirant son titre de la fameuse phrase de Kafka1, a renoncé à la figure du cheval pour s’attaquer à celle du chien « parce qu’il est toujours menacé de mépris […] à mon avis c’est par le mépris et son défi, c’est par la riposte au mépris que tout commence »2 – posture donc offensive ou, plutôt, réactive, ce dont témoignent incontestablement la plupart des contributions. En effet, on ne trouvera pas ici les traces d’une littérature qui se contenterait de faire le beau avec la langue mais des textes dont la variété n’empêche pas l’unité, non seulement autour du motif choisi mais aussi à travers le souci commun d’une écriture à la dynamique travaillée. Parmi eux, citons la nouvelle d’Hervé Bouchard où le sens de la propriété tourne à l’obsession, celle d’Antoine Brea qui parvient autant à piéger le lecteur que son personnage principal et celle d’Arno Calleja, subtilement faite d’emboîtements successifs ; les poèmes d’Orsolya Kalász ainsi que ceux de Norbert Lange et Daniel Falb ; enfin, l’insolite contribution de Noémi Lefebvre, à la fois sérieuse et espiègle, intitulée Le chien marxiste. Étude des prolégomènes.
1. « […] un livre doit être la hache qui fend la mer gelée en nous. » (Lettre à Oscar Pollak).
2. François Athané.