Isidore Ducasse : Poésies I & II

 
par Jérôme Duwa

Pour cette fois, il porte son vrai nom : Isidore Ducasse (1846-1870). Toutes les « obscurités à carapace de punaise », y compris celles des Chants de Maldoror du Comte de Lautréamont ont été abandonnées. Secoué par un rire majuscule, le lecteur apprend que les chefs-d’œuvre de la langue française sont désormais à chercher du côté des discours de distribution de prix pour les lycées. Tout le romantisme et son cortège de démesure est conspué sans concession. Qu’il est lassant le spectacle tonitruant des « torrents de sang » ! Musset, Hugo, Lamartine et tous les autres spécialistes en gémissements sont vertement tancés.

Mais que doit être la poésie d’une époque exsangue ? Comment se débarrasser du « canard du doute aux lèvres de vermouth » ? Isidore Ducasse procède par grands retournements plagiaires de Pascal, de La Bruyère pour dynamiter tout ce qui dans la poésie cultive imperturbablement les « tics, tics et tics ».

Il en résulte ces poésies railleuses qui ont fasciné les futurs surréalistes épris eux aussi d’aspirations pratiques et d’humour noir. Les éditions Allia nous redonnent à lire sobrement, sans appareil critique, cette poésie faite pour tous, parce que réfractaire à tous les clichés.




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Allia
80 p., 3,10 €
couverture