par Vincent Tholomé
Rien n’est simple en écriture. Même dresser une liste ou écrire un poème qui ressemble à une liste. A priori, on pourrait penser qu’il n’y a rien de plus « idiot » que d’écrire ainsi de petites mécaniques qui, une fois lancées, se poursuivraient toutes seules, dirait-on. Encore faut-il, pour réussir de tels poèmes, éviter des écueils et user de « stratégies ». Pratiquer avec soin l’art de la coupe, par exemple. Éviter ainsi d’être indigeste. Pratiquer aussi l’art de la chute. Conclure de façon inattendue. Faire en sorte qu’ainsi nos listes débordent d’elles-mêmes et renvoient ailleurs, à d’autres états d’esprit, d’autres réalités. Toutes stratégies que Timotéo Sergoï, grand arpenteur du monde, poète nomade, manipule haut la main dans cette série de poèmes mécaniques, extrêmement drôles et jouissifs. Ils rapportent ce qu’il aura, ci et là, glané ailleurs, dans ses frictions avec la Terre. Ici, on rit beaucoup, bien sûr, mais derrière le plaisir immédiat, force est de constater que ces mécaniques fonctionnent d’abord et avant tout comme des totems. Des textes écrits pour contrer. Dresser, comme le feraient des enfants, des barrières de mots. Ne pas sombrer dans le morose ambiant.
64 p., 16,00 €
