par Agnès Baillieu
« Marié trois fois, époux fidèle… » précise la quatrième de couverture ; ce n’est vraiment pas le plus important ! Quoi qu’il en soit, il est peut-être nécessaire d’aborder Ovide, contemporain de l’Empire d’Auguste, en oubliant les commentaires auxquels il a donné lieu. À une exception près, la préface d’Olivier Sers, complétée à la fin de ce volume bilingue par un relevé des reprises et imitations repérées dans la « trilogie » et par un substantiel et indispensable index des noms propres. Poète de l’exil (Tristes, Pontiques), mais avant cela poète savant (de même que Properce, son contemporain et ami) multipliant les références mythologiques à des héros désignés par des périphrases dont le traducteur choisit de rétablir les noms. Et poète élégiaque latin à sa façon : l’amour (et l’amour illicite) est LE sujet : Les Amours, sorte de carnet de jeunesse, nourrissent les deux « traités », aux titres explicites, qui l’accompagnent. Leur ironie est telle que la question de l’identité exacte de Corinne et celle de la sincérité du poète n’ont guère d’intérêt (Paul Veyne, L’Élégie érotique romaine : « Où a-t-on vu que la sincérité était une qualité esthétique ? »). Enfin, tout en s’adressant à un public raffiné, Ovide était assez représentatif de ce que réprouvait la morale officielle – De l’amour en est l’illustration. Olivier Sers rend les distiques élégiaques en alternant (tour de force) alexandrins et décasyllabes, et l’ensemble est rythmé, concis, et très inventif. Tous ses choix de traduction (emploi de termes vieillis ou très contemporains, restitution efficace de la saveur des mots, de la « distance » que prend le poète…) offrent un authentique plaisir de lecture.
Traduction d’Olivier Sers
Édition bilingue
Les Belles Lettres
464 p., 25,00 €