Ted Berrigan : Lundi de Pâques

 
par Gérard-Georges Lemaire

Ted Berrigan (1934-1983) a été l’un des grands poètes américains de l’après-guerre. Quand je l’ai connu, c’était à la fin des années soixante-dix à New York et dans le cercle des auteurs qui se réunissait à la St. Mark Church. J’ai le souvenir d’un homme affable et charmant. Sa poésie n’appartenait à aucun des grands courants de l’époque, mais n’était pas traditionnelle : c’était un inventeur infatigable. Il s’était fait connaître grâce à la publication de The Sonnets, qui avait été saluée par Franck O’Hara. Les trois poèmes réunis dans ce petit recueil sont du milieu des années 70 ; ils se caractérisent par ce jeu entre la forme et le fond (comme diraient nos chers professeurs), car le jeu a une grande importance dans sa poésie. Par exemple, lisons « Dans le sang » : est-ce un dialogue ou un monologue fragmenté ? Ce sont des épisodes détachés, de pensées ou de conversations, et en tout cas un texte qui ne reflète pas la réalité, mais le flux de conscience qui serait traversé par diverses occurrences. « Lundi de Pâques », fonctionne lui aussi avec les guillemets qui suggèrent une parole prononcée ou rapportée. Mais on ne sait pas si ce sont des passages imaginaires ou empruntés à la réalité. Il y courtise l’absurde, l’hermétique même, mais aussi le vernaculaire et il n’hésite pas à utiliser des citations (comme Max Jacob dans ce cas). Enfin, « Je me souviens » (qu’il m’avait donné à l’époque avec d’autres compositions) ressemble comme deux gouttes d’eau au livre de Georges Perec ! J’ai toujours dit qu’il avait repris le système des réminiscences avec l’idée de commencer chaque vers par ces mots : « Je me souviens…» Mais personne ne m’a cru. Lisez donc ce petit recueil et comparez !




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Traduit de l’anglais (États-Unis) par Martin Richet
Bulletin Jacataqua
5 p. au format PDF, hors commerce
couverture