par Sylvie Durbec
Le boomerang qui donne au recueil son titre ? Le retour d’un passé que le poète croyait « bel et très bien épinglé sur le tableau de liège des souvenirs ». Ce passé douloureux, Rémi Checchetto sans détour cible son origine : « Je suis né d’une mère mauvaise ». L’ensemble du recueil dit la douleur d’être né de cette mère dont il est impossible de se défaire. L’ensemble est marqué par le retour violent de la douleur (pas seulement maternelle) dont le poète a cru qu’elle avait été effacée par le temps : « on ne m’avait pas dit / on ne m’avait pas appris ». Autour du poète, les mots sont autant de nœuds. Ce retour, le boomerang l’incarne, lui qui ouvre un troisième œil dans la tête pleine de « ronces » du poète. Le passage du je au nous élargit le thème initial avec cette interrogation sans réponse : « est-il possible de se ménager une prairie, de s’y allonger afin de continuer à souffrir, certes, mais en paix ? » La danse de mort inaugurée dès la première page se poursuit, « du mort dans le vivant », sans laisser au lecteur de répit. L’écriture puissante de Rémi Checchetto, dont on sent sous le texte la voix, porte l’ensemble et lui donne une très grande force. Le poète conclut en disant la nécessité de l’écriture : « même si les oreilles en saignent jusqu’au bout ».