par Marie-Florence Ehret
Nécessaire et urgent a été créé en 2014 au festival de Genève, présenté la même année sur la scène européenne du théâtre Garonne et repris en 2016 à la Colline.
Il est constitué d’une liste de questions pressées, douloureuses, avides de ces précisions impossibles dont l’ignorance mine les héritiers de la douleur.
Il y a ceux qui sont partis, qui ont survécu, qui vous ont donné la vie, et ceux qui sont restés, ceux qui sont morts. Pourquoi ? Pourquoi sont-ils restés ?
Vous ont-ils maudits ?
Chassés ?
Traité de mauvais fils ?
Qui étaient-ils ? Et qui êtes-vous ?
Aviez-vous peur ?
Étiez-vous tristes ?
Comment savoir qui l’on est dans cette ignorance ? Comment être sûr de ce qui a eu lieu ? Comment supporter ces incertitudes ?
Comment accepter la mort.
La Condition des soies est un texte plus ancien, crée en 84 et repris en 96. On y retrouve le souffle oppressé de la voix. La voix ? Les voix ?
Qui parle ? Combien de « je » ?
Et cette pression de l’interrogation qui se développe ici tout au long d’un récit où se déroulent des lieux, des voyages, un bavardage confus, des paysages
dans l’impossibilité de décrire
J’ai essayé pourtant
j’essaye encore
(…)
mais si tu avais pu voir ça
(…)
j’aurais tant voulu voir ça
Jusqu’à la perte d’identité sexuelle, jusqu’à la mort.
Un postface de Philippe Lacoue-Labarthe apporte son écho, ce qu’il appelle La condition des voix.