par Jean-Pascal Dubost
Le titre oriente la lecture, c’est une « partition » : un livre qui indique le rythme à suivre : celui de l’incantation en des chants de terre et d’eau. Ce livre est un peu politique, dans ce sens où il a pour intention de réintroduire le magique et le mystère dans la poésie, et par ce biais, de s’interroger sur la « grandeur silencieuse du monde », sur la minuscule place de l’homme dans l’évolution en marche. Politique pour ce qu’il entend rétablir le sacré dans le quotidien humain, contre le matérialisme qui efface tout mystère, et fait obstacle à l’homme. Un Du Bartas créole, à la langue baroque, qui réinvente la création, « L’arbre est le premier monde. // Réunis et serrés les arbres sont des dieux », qui en appelle aux puissances telluriques de la langue poétique pour faire sourdre de la terre-mère un appel profond et désespéré sur la situation de la Nourricière. Le continent africain est ce sol sur lequel Monchoachi convoque l’histoire du monde, mais il ne faut pas restreindre la lecture à ce seul continent, qui est une partie pour le tout. Relié à l’enfance des langues, le poète veut, pour prendre toute l’immesure du monde, en « capter l’orgasme cosmique / la puissance magique. »