Marc Delouze : Chroniques du purin

 
par Alain Helissen

Agitateur poétique – notamment des « Parvis Poétiques » – depuis les années 1980, Marc Delouze est lui-même poète mais il emprunte à la prose ces « chroniques du purin » estampillées « roman » en couverture. Ce sont les morts qui alimentent l’ouvrage, ceux surtout de la Shoah, « tués et basculés dans des fosses à cadavres. » Car l’effrayant leitmotiv persiste : « Sont toujours là les en-allés. Pas question d’en faire le deuil. Jamais. Sont toujours là. Ils ne revivent pas. Ils vivent en nous, en vous, en moi... » Marc Delouze, protagoniste principal, a revisité différents lieux, en Allemagne, en Pologne, en Russie, en Italie, au Japon. Il donne, tout au long de ses chroniques, des témoignages écrits par des victimes de la barbarie. Je marche, écrit-il, sur un chemin laiteux en traînant derrière moi une oblongue limace d’ombre. La mémoire se mâche au présent, précise encore Marc Delouze qui, sur le genre humain, ne se fait guère d’illusion : « Un même goût du meurtre réunit les idées qui brûlent les corps, celles qui consument les âmes. » Comme hier en Pologne, en Sibérie, des poètes sont aujourd’hui enfermés voire exécutés. « J’ai beau faire la lumière le noir est le plus fort. » Dont acte.




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L’Amourier
176 p., 16, 00 €
couverture