par Alain Helissen
C’est ici le premier recueil poétique de Charline Lambert, un ouvrage qui a obtenu deux prix décernés dans l’espace littéraire wallon. Si ce chant poétique revisite à sa façon le mythe d’Ulysse, nous sommes loin du livre Dernières nouvelles d’Ulysse que Werner Lambersy, autre poète belge, avait consacré au héros homérique. Dans sa préface Éric Brogniet met l’accent sur les dualités à l’œuvre dans Chanvre et lierre, telles que la solitude et la présence, le souffle et l’étranglement, le gouffre et la plénitude. Il marque encore l’importance de la vue et de l’ouïe : « si tu veux voir, écoute. » Lorsque Charline Lambert pose les premiers mots de Chanvre et lierre, c’est Ulysse lui-même qui plante le décor. « Il est seul, au milieu de rien » et va se « déplacer dans le paysage » comme pour en épuiser toutes les composantes. Faut-il voir ici une métaphore de la création littéraire ? « Écrire (…) ou laper », écrit encore Charline Lambert qui ne voudrait pas laisser l’amour aux seuls poètes. Chanvre et lierre joue ainsi entre deux eaux, entre l’exil et les retrouvailles. Éric Brogniet remarque que le chanvre des cordes qui attachent Ulysse au mât est aussi celui de la corde du pendu.