par Étienne Faure
Invention de la terre, le dernier recueil de Philippe Delaveau, s’entend, de la précision même de l’auteur, au sens étymologique du verbe « découvrir », au motif que « tel est l’objet de la poésie » : la découverte éblouie de l’univers que le poète parcourt « en arpenteur ». C’est en arpenteur en effet que Philippe Delaveau traverse six années de création : des poèmes auxquels ont été rajoutées quelques pièces plus anciennes. On y retrouve la voix ample portée par un large déploiement des textes – un souffle – propre à l’auteur, dépassant souvent la page. Des textes où il est question de trains, d’autos, d’avions, de bateaux, de marche, d’oiseaux, de papillons, d’estuaires, de lieux de voyage – de mouvement –, mais aussi de contemplation et, dans tous les cas, d’une extrême observation : « la poésie s’intéresse en premier lieu à ce qui est, dans l’ordre du réel » assène le poète dans une note qui clôture l’ouvrage, en écho à la citation de Jean Follain placée à l’entrée du livre. Mais le regard, même scrutateur, laisse le monde se mouvoir : « Tout est contemplation d’éternelle promesse / ici dans l’éphémère vie qui passe et l’eau qui passe ». Un livre qui s’ouvre et se referme superbement par deux haïkus aux apparences statiques – erreur : le regard dans chacun d’eux se tourne vers le ciel et le mouvement du vent, des oiseaux... Vers le ciel.