par Franck C. Yeznikian
noise après percolamour (2012) est son second recueil aux éditions Isabelle Sauvage. L’écriture de Stéphane Korvin 1 à travers ce recueil comme avec bas de casse chez Æncrage & Co est d’une fragilité noire, fine et presque baroque au dessin de sa chaconne se dévoilant au cours des pages. Dans l’ajour et l’observation à la fois du corps aimé, éphémère, ce cou et de cette géographie qui de l’espace d’une chambre à celui d’une forêt en présence de ses diverses fruits et fleurs tracent comme l’asymptote d’un blason d’un corps érotisé et ses déclinaisons. Le regard est précis comme à son vocable barge à queue noire / bruant fou / bec cerclé / inséparable de / océanite, tempête // spatule blanche / à bec large, à dos fendu, à col ouvert / au réveil je n’ai jamais autant / penser pouvoir affleurer, te répéter contre moi ou encore tavelé c’est un lieu avec ses hampes et ses bas, son temps qui épie, cela m’accompagne une heure ou deux depuis le mur où les pierres sont des lieuses, des doreuses avec lesquelles se maintenir. Ni capitale d’imprimerie, ni point d’arrêt mais le point sinueux, l’interrogatif comme scansion à même la variation des images, des captures jusqu’au hors-champ d’une scène en bas de casse. Poésie de l’intime plissé mais porteuse, voire poreuse de cette fragrance d’ancolie au creux de chaque jambage qui noise ici dans le bel écrin d’une édition sauvage. L’autre cueille, ce bas de casse est rythmé en quatre mouvements dont trois dessins de Caroline Sagot Duvauroux proposent en écho un cheminement où ceux-ci peuvent d’emblée s’entendre à travers l’axiome d’un je suis venu, penchant luné / hachurer / le dos d’un engrenage / préciser cette heure où l’on sait des choses / ce que les herbes repoussent / sans renoncer aux lieux – Traits, hachures, lignes au sein de ce registre de l’empreinte des peu, ce semi semé, trouvé et reliant ces deux pousses éditoriales. Soulignons aussi cette belle rencontre entre deux poètes qui chacun, tour à tour, pratiquement manient les cercles (au dedans les mots : osée, butée rose / et bien à plat sur les paumes, l’espace / d’une tige aux grands yeux clairs, font cercles) graphiques de la langue comme ceux du dessin, de la peinture constituant pour elle et lui, un autre éclore, épongeant sa nuque dans la litière de craie.
Avec trois dessins de Caroline Sagot Duvauroux
Æncrages & Co
« Voix de chants »
72 p. 18,00 €
1. à qui l’on doit depuis peu l’improbable résurrection de l’œuvre d’Agnès Rouzier (1936-1981) aux éditions Brûlepourpoint.