Éric Watier : Plus c’est facile, plus c’est beau : prolégomènes à la plus belle exposition du monde

 
par Hervé Laurent

Commencés avec Trébuchet de Marcel Duchamp et se terminant par l’évocation d’un bâton fautif d’André Cadere, ces prolégomènes nous offrent une réjouissante parade : actions élémentaires, statements, attitudes et formes radicalisées dont le trait commun est cette facilité de mise en œuvre qui énerve tant leurs détracteurs. On les entend d’ici : « Mon gosse en fait autant ! » Justement, il peut le faire, le mioche, et tout le monde peut le refaire, voici ce que martèle à chaque nouvel item cet inventaire minimaliste, incomplet et subjectif, nous rappelant que c’est une des spécificités de l’art contemporain d’avoir pensé le concept de sa reproductibilité et mis en conséquence à la portée de n’importe qui la possibilité de réactualiser sans se fatiguer (inadmissible !), sans avoir à faire preuve d’un talent particulier (scandaleux !), pour le simple plaisir de la répétition (régressif !) un geste quotidien, un arrangement banal, un bricolage basique, toutes ces expériences ordinaires par lesquelles nous nous réapproprions le réel. Dans les années ‘50, Morton Feldman déclarait : « Maintenant que les choses sont si simples, il reste tant à faire. »1 Éric Watier, aujourd’hui, en plein chantier.




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Incertain Sens
96 p., 8,00 €
couverture

1. Propos de Morton Feldman rapportés par John Cage dans Silence, traduction française de Vincent Barras, Héros-Limite, 2003, p. 80