par Sébastien Goffinet
Trop me gêne dans ce livre pour souscrire sereinement à son propos. À commencer par le titre, plutôt trompeur : la « correspondance avec la classe dirigeante » se résume en réalité à deux lettres très semblables, l’une adressée à cette sommité planétaire qu’est le président du centre national du livre, la seconde à celle qui n’était alors que « responsable du pôle culture, audiovisuel, médias dans l’équipe de campagne » (p. 20) d’un candidat à la présidentielle, et qui est redevenue députée depuis. Sacrer ces deux personnes comme « la classe dirigeante » est abusif. Tout comme l’est « COrrespondance AVEC » : à la rigueur, « respondance vers » eût mieux qualifié ces lettres sans réponse.
Le contenu, lui aussi, me gêne. Par son corporatisme, mais aussi parce que la démonstration, voulue implacable, qu’un livre est un livre et non quelque chose de dématérialisé qui se télécharge sur des sites où tout n’a de valeur que marchande et ainsi s’équivaut, cette démonstration souffre de sophismes dont n’exonère pas le recours à des termes grecs ou latins.
En outre, moi, collaborateur de CCP qui ai accepté (grassement défrayé) de continuer à y livrer mes notes de lecture alors même que la section « recensions » se dématérialisait, ce livre me place dans la position ambiguë et exemplifiable de qui, parce que les luttes demandent des efforts, parc’aussi que la convergence des luttes rencontre toujours les mêmes obstacles, de qui, donc, se justifiant de contraintes sur lesquelles il dit ne pas pouvoir peser, participe à ce que son discours énonce vouloir détruire.
On me met moi en porte-à-faux, mais aussi les lecteurs du site de CCP qui consentent à lire du dématérialisé. L’accusation eût pu porter si l’exigence intellectuelle avait été de rigueur.