par Claudine Galea
Sous la forme d’un élégant carnet, ce livre de Christiane Veschambre tourne autour de la disparition, des traces qu’elle laisse derrière elle.
Une aimée en allée se glisse entre les lignes
haies noires neige
pie neige et noire
Des textes verticaux, plus poèmes que proses, troués de phrases fulgurantes où Veschambre se tient soudain dressée dans la nuit, dans une « maison cousue sur soi ».
Si certains poèmes sont en apparence de facture classique, le déplacement d’un terme dans un autre champ lexical, un autre territoire de pensée, déclenche une image inattendue qui explose
éveillée
c’est parfois
dans le coude
que je me tiens
Parfois ce qu’on rêve, ce qu’on imagine dit la réalité du réel
un enfant pleure
dans la nuit
« c’est un chat » me dis-tu
au grand jour
je le sais
c’était un enfant
abandonné
dans ma nuit
La littéralité n’est pas toujours à la hauteur de ce qui est, de ce qui vit
qui les voit
mes dessous de la langue
et j’y tiens
jusqu’à la mort
comme mon amie
On referme le carnet dans une grande douceur, une douceur d’après la tempête : les bruits sont atténués mais pas éteints.