par Antoine Emaz
Ce livre n’a rien d’un essai, et pourtant les poèmes ouvrent des questionnements multiples dans chaque « chapitre » : l’Europe, bien sûr (« salve regina »), mais aussi la poésie (« orphée plomberie »), la relation entre générations (« prose papy »), la religion (« le trou du cœur »), la famille (prologue et épilogue)… On est pris dans une sorte de désir épique d’embrasser tout, du collectif à l’individu, dans un espace, l’Europe, et une histoire, celle du XXe et de notre époque. Même segmentée, il s’agit bien d’une vision ; modestement qualifiée de « longue rêverie » (p. 87), la résonnance orphique demeure. L’unité du livre est assurée par le choix du poème-page en prose seulement virgulée, une musique de fond qui garde un caractère oral, presque théâtral dans les dialogues ou le discours passionné d’Europe (p. 76). Il y a du sombre et de la véhémence dans ce livre, autant que de l’espoir au moins sur deux plans : l’amour, la poésie. Pour cette dernière, l’auteur ne partage ni le « à quoi ça sert ? » dominant, ni le goût lénifiant pour « la poésie bonne nuit qui porte conseil » (p. 62). Ce livre désoriente et retient par son originalité radicale dans l’écriture et ses enjeux.
104 p., 12,00 €