Marc Corigliano : Laborieux

 
par René Noël

Le cadre noir, souligné, de chaque photographie serait cette distance entre le père et le fils, tamis de la mémoire, alambic d’où l’elixir, ce fil invisible des générations, se fait à l’insu de nos jours et de nos nuits. La couverture sans bords surprend une figure animée, mi-poisson, mi-bateau dans ce qui est supposé inanimé. Temps des proportions, le grammage, l’indice mercuriel des alchimistes élevé dans les contrastes du noir et du blanc, cadastre du livre de bord, forgé, gouverné de main de maître, accouche de l’œil du photographe. Un devenir substantiel, sel et tourbe des mémoires nourrices, apprivoise le ciel. L’art de naviguer du père disparu que les mots lapidaires de son journal soulignent, expriment ces dehors à travers lesquels chacun devient – plus que – lui-même. Les images et les mots du fils et du père se touchent, la mémoire et l’oubli, marées des générations, établissent cette contrée particulière, toujours en devenir, qu’est la terre humaine. Où les souvenirs et leurs effacements, Il écrit au compte-gouttes, sachant que neuf mots sur dix vont s’évaporer, dans la mémoire d’un seul et des proches, se transforment, images devenues points, passent d’autres seuils, pollens de chaque contrée, polysémies des mémoires communes qui redonnent les visages et mots de chacun.



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Photographies & Texte
La Termitière
12,00 €