par Étienne Faure
Marco Pantani a débranché la prise est le dernier ouvrage de Jacques Josse qui offre ici un ensemble organisé en 98 textes dont les gabarits avoisinent la page. Jacques Josse y déroule le parcours du cycliste – homme et mythe – Marco Pantani, son itinéraire, ses épreuves en prise directe avec le cyclisme-spectacle de son époque, jusqu’à sa mort à 34 ans. Un reportage en quelque sorte. Mais Jacques Josse a l’œil et l’écriture du poète qui saisit, voit et finement fait voir. Un peu comme une caméra dans la roue de Marco : la tension monte, par étapes, avec l’avancée du vainqueur dans la vie. Le pirate, de course en course, atteint la gloire. C’est l’ascension. Jusqu’au jour où, contrôlé avec un taux de 52% d’EPO, il est mis hors de course. « Anéanti, déshonoré », il peine à retrouver l’énergie, devant « composer avec le vide, l’abîme ». Commence la lente descente. Reparti à l’assaut des courses, successivement lâché, vainqueur, convaincu de « fraude sportive », il perd confiance, se bat, chute, entre en clinique, en sort, est acquitté. Puis meurt « déchu et meurtri », victime « d’un monde cycliste gangrené par l’argent et le dopage ». Il faut aussi à Jacques Josse « du souffle, de la légèreté » pour nous emmener ainsi dans ce superbe récit – qui happe.