par Alexis Pelletier
Le tract de Büchner et de Weidig, imprimé et distribué en 1834 dans la campagne hessoise, est très célèbre pour sa violence révolutionnaire et pour le destin de ses deux auteurs. Il a connu différentes éditions en français. Celle-ci, assurée par Fr. Metz et S. Percq, tient son originalité, selon les mots des traducteurs, au fait qu’ils n’ont cherché « aucun lissage » du texte original. Au contraire, le texte français, publié avec le texte allemand en regard, est donné dans une sorte de semi-traduction. Certains mots restent en allemand dans le texte français, essentiellement pour permettre de sentir les connotations qui ne passent pas d’une langue à une autre. Blut, Bürger, Frankreich etc. ne sont pas traduits mais un lexique explique ce suspens du sens. Gewalt est traduit soit « pouvoir<->violence », soit « violence<->pouvoir ». D’autres mots apparaissent sous une forme bilingue : Hure-putain, Schurk-gredin, Wilkür-arbitraire. Les justifications du lexique sont toujours intéressantes et elles conduisent le lecteur à réfléchir en mouvement, aux distorsions inévitables dans une traduction entre la langue de départ et celle d’arrivée. Mais peut-on être certain que cette réédition d’un ouvrage de 2011 facilite l’accès à l’univers de Büchner et fasse entendre la dimension orale du texte ?