par Alexis Pelletier
Le boîtier de l’ouvrage s’ouvre sur une photographie qui est un horizon indécidable : les limites entre terre, ciel, air et mer sont brassées par le mouvement que la photographe a su donner à son œuvre. Cette photo est un écrin pour l’ouvrage carré qui s’y loge. Il se lit comme une plongée dans une intériorité tournée vers l’altérité : l’un et l’autre devenant « espèces imbriquées // et respirant de même souffle un avenir différent de celui que nous vivons » (p. 29). Les 26 photos d’Adrienne Arth et les poèmes (le poème ?) de Claude Ber qui y répondent ont saisi l’enjeu de ce genre d’ouvrage : faire de la circulation un principe actif de création, de manière à ce que ni le poème, ni l’image ne soient illustratifs. Entre les jeux de reflets et de mouvements qui sont la matière même des photographies, et la méditation des poèmes qui interrogent la façon de faire entrer le monde dans l’écriture, des échos permanents laissent à chaque expression son autonomie. Ainsi, par exemple, lorsque Claude Ber affirme « tu interroges les figures qu’elle fait du frottis de lueurs des géométries fines » (p. 35), le jeu entre le « elle » et le « tu » crée une vibration du sens (que Claude Ber appelle « feuillature »). Et la photographie de s’épanouir alors tout en donnant son énergie aux mots du poème.
Fidel Anthelme X
« La Motesta »
56 p. dans un boîtier 14 x 14 cm, 7,00 €