par Pascale Petit
Depuis Venise, Jan Baetens lance le « programme » d’écriture de Ce monde, celui de l’inconnu dans le connu – celui d’une poésie youtube : entendez qu’on pourrait voir et entendre après un simple dé-clic – citant trois vers d’Ashbery de A Last World :
Now all is different without having changed
As though one were to pass through the same street
[at different times
And nothing that is old can prefer the new.
Comme une expansion de ces trois vers, quelque chose s’écrit (puis s’efface ?) – on a envie de dire – sous nos yeux, sur la page de cet écrivain qui circule dans sa vie comme un nomade quand les souvenirs sont devenus vieux et qu’on peut sans cesse revenir sur ses pas ou repasser sur ses traits. Naître à gauche, mourir à droite (Jean Todrani) et pour Jan Baetens, c’est : Pas le choix entre j’ouvre et je ferme, c’est la boucle. Ce monde fuit, Ce monde coule, Ce monde tourne sur lui-même comme le poète qui aperçoit sans cesse son dossard. Le texte se déploie en vers libres sensibles en sept chapitres. Tiens. Les images se télescopent. Avant et après, Jan Baetens fait le point. Ce monde est suivi de Vagabonds et de quatorze poèmes de résidence à Venise écrits sur l’art poétique et plastique d’autres artistes invités.