par Narciso Aksayam
On sait depuis Borges et sa Demeure d’Astérion, combien l’hybride né de Pasiphaé, au même titre que ses sœurs Phèdre et Ariane, offre un mythe dense et essentiel, et quelle force significative se dresse dans la figure du Labyrinthe, allégorie de l’étoupe emmêlée de nos mots, des méandres alluvionnés de nos pensées, de l’itinéraire aveugle de nos jours, mais peut-être, avant tout, symbole exact du psychisme que nous offrons à Autrui pour toute rencontre. Transposé en genre, c’est un sibyllin minois égotiste et tribade que façonne ce livre en trois temps1, semé de confusions très fines, diaphanes, imperceptibles, délicatement insensibles, âme inodore dont les feuillets, tentant une scansion large qui va jusqu’à l’onomatopée, telle l’évohé euripidienne soupirée par un mufle, rappelleront moins Char2 qu’une forme parnassienne de Musset qui restait à inventer. Points, parenthèses, italiques, ornent de saillies typographiques cette édition dont le mystère de la rencontre demeure3 et qui illustre, de ses forts effluves d’imaginaire méditerranéen, un des visages contemporains de la littérature bercée aux rives rocailleuses de l’île corse…
1. Une correspondance, un journal, puis un recueil poétique, séparé en fantaisies italiques et en chants romains.
2. Dont le dieu Hypnos se sera intitulé lui aussi selon ce format archéologique de l’éparpillement et de l’intimité.
3. Peu d’éléments, sur le site de l’éditeur, éclairent sa connivence avec la revue numérique.