par Alexis Pelletier
Alain Vircondelet est romancier et essayiste. S’il avait commencé ses publications par des Poèmes pour détruire, il n’était revenu vers l’univers poétique, avant ce roman consacré à Rimbaud, que pour l’intéressant Vivre en poésie (Entretiens avec Guillevic en collaboration avec Lucie Albertini). Rimbaud Dernière saison, très fidèle aux sources biographiques, propose une vision romanesque (au sens le plus traditionnel du terme) des derniers mois de la vie de Rimbaud, depuis son départ du port d’Aden (9 mai 1891) jusqu’à sa mort à Marseille (10 novembre de la même année). Le lecteur est invité à suivre Rimbaud selon des flashes qui rappellent ou résument sa vie de poète et d’aventurier. Le romancier insiste – dans une écriture passionnée qui cite abondamment Rimbaud – sur une vision spirituelle du poète qui heurtera certainement des conceptions plus radicales du Voyant. Pour Vircondelet, la vie et l’œuvre de Rimbaud, dans les refus violents des conventions qu’elles expriment, traduisent des « voies d’abandon et de martyre pour conquérir l’or » (p. 232) : le romancier d’être ainsi très proche du regard qu’Isabelle Rimbaud portait sur son frère, à sa mort, sans avoir jamais eu connaissance de son œuvre poétique. On lira donc ce livre comme autrefois Les Derniers jours de Charles Baudelaire de Bernard-Henri Lévy : un roman sur une œuvre dont le romancier sait qu’elle excède sans cesse le cadre romanesque.