Nelly Maurel : (Ce que je pense sent le caoutchouc)

 
par Hervé Laurent

Un nouvel opus de Nelly Maurel est toujours une fête drôle et féroce. Les éditions Solo ma non troppo lui ont proposé de puiser dans ses carnets de notes et croquis une sélection qui court de 2004 à 2014. C’est peu dire que ça bouillonne à l’intérieur de la parenthèse choisie pour le titre de ce recueil qui invite à tout sauf au recueillement. L’invention de Maurel (ah !) opère la synthèse entre les hantises d’Odilon Redon (des figures grotesques et inquiétantes jaillissent de cauchemars pour affoler la blancheur de la page), le sens du décalage arty de Glen Baxter, la féroce lucidité de Reiser, le jeu de mot calamiteux façon Almanach Vermot (parfaitement maîtrisé) et un intérêt très warholien pour la low culture (collection et recyclage de stickers, tampons, timbres-poste, etc.), etc. De ces contaminations mutuelles naît un univers dont la cohérence est menacée par l’incontrôlable énergie qui l’anime – le plaisir y est toujours inquiet, signe que le temps passe. Résultat, les carnets prennent à certains moments, très allusivement, des allures de journal intime et Maurel, à la relance, s’offre une dernière pirouette : Le futur simple succède au passé compliqué. On aimerait y croire.




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Solo ma non troppo
128 p., 25,00 €
couverture