par Mathieu Nuss
Avant la chair d’écrire, il y a chez Dominique Sampiero, et qui parcourt bon nombre de ses livres, la chair de l’immersion dans la page. « Je deviens ici, ou ici devient moi ». Salvatrice immersion pour une prose salvatrice qui coule de (presque trop) bons sentiments. En ce lieu qu’est la page, écrire et se taire se touchent, retenue et aimantation au devant de soi se tiraillent.
« Derrière la vitre, rien, le paysage se tait accroché au ciel et à l’herbe et refuse d’entrer dans la pièce où j’écris. » Prose du tempérament solitaire, regards multiples et lucides sur le monde, changés en réflexions, le verbe pérégrine dans les courbes de l’existence. Naissent des phrases à long développement durable, mais dont la tête des unes ne dépasse jamais de celle des autres. Parfois un silence clandestin, parfois un brutal désenchantement, parfois encore « le bruit des pierres se serrant dans le mur de la maison », valent d’être reconvertis dans l’écriture et pour l’écriture, pour qu’affleure semble-t-il le redoux d’une perfection de monde à retenir.
Sur plus d’une trentaine de pages, suit un carnet de lecteurs qui vient compléter le volume et lui offrir une résonance.