par Ludovic Degroote
Il n’y a pas de règle en poésie : certains se sentent plus à eux-mêmes en développant un lyrisme ample, d’autres ont besoin d’aller contre toute forme préconçue, d’autres encore d’expérimenter, ou bien de réduire une langue à ce qui serait son essentiel, parce que cela exigerait de n’atteindre que cet essentiel. Dans Mains, suivi de Sonder le vide1, Myriam Eck ose une poésie simple dans ses choix – vocabulaire, syntaxe, minimalisme du poème – et exigeante car elle cherche à circonscrire ce qui résiste ; elle affronte donc un double risque : il n’y a pas de poésie sans risque. Mains se distribue en deux parties : Face et Pile ; l’une dit la présence, l’autre l’absence ; il y a du corps au bout de ces mains, qui confine parfois à l’érotisme (« Je m’abîme la peau / Partout / Où je pense »). L’approche d’un corps qui touche au vide – le sien ou celui de l’autre –, on la retrouve dans Sonder le vide. Là aussi, l’économie de mots impose la reprise lexicale, une spirale ou un entrelacs, quitte à jouer des paradoxes (« La mémoire ce n’est pas disparaître ») ou de l’abstraction (« Une seule tête pour tout mon vide / Ce n’est pas disparaître »). Ou d’essayer la vie : « Tu cherches un vide où t’effondrer ».
128 p., 8,00 €
1. On notera la présence en couverture et entre les deux poèmes de dessins de Christine Delbecq qui travaillent à la tenue de leur corps dans l’espace.