Guy Debord : Lettres à Marcel Märien

 
par Narciso Aksayam

Dès l’instant que la poésie a épuisé ses derniers prestiges formels et qu’on ose la définir comme le pouvoir des hommes sur leurs aventures, dès l’instant qu’elle endosse l’ambition de créer des visages nouveaux dans un urbanisme de situation, provisoire et vécu1, – quelle morphologie revêt alors la correspondance d’un créateur livré à l’affairisme de son projet-pour-le-monde ? Si ce n’est la découverte de 5 inédits, les précédentes éditions de la correspondance2 avaient déjà répondu : contrôles des stocks, échanges d’adresses, bilans d’influence, revues de presse, congratulations et rodomontades laconiques, ponctuées d’invectives et de menus rapports d’excommunication. En ce sens, ni beautés ni pensées se fouillant ne sont au rendez-vous de cet épistolier.

En revanche, c’est le travail de présentation et d’annotation qui fait la véritable valeur d’œuvre de ce livre : réveiller la mémoire du Surréalisme belge et les noms de Nougé, Goemans, Mesens, Colinet, Mariën, Scutenaire, Sénécaut, Souris…3 De quoi nous rappeler la vivante activité du siècle, la variété des âmes et des implications qui forment les coulisses, ou les trames, des célébrités résiduelles d’aujourd’hui, et ainsi de quoi entretenir le renouvellement de la matière à notre histoire littéraire et artistique.




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Édition, introduction et notes de François Coadou
La Nerthe
176 p., 14,00 €
couverture

1. La Carte d’après Nature, 1954 : « Réponse à une enquête du groupe surréaliste belge ».

2. Huit volumes aux éditions de la Librairie Arthème Fayard.

3. L’appareil de commentaire et la préface de François Coadou constituent plus de la moitié de l’ouvrage.