par Alain Helissen
Gilbert Vautrin est un poète marcheur qui trouve son inspiration au gré de ses sorties pédestres dans les forêts lorraines. Il publie peu, toujours chez l’ami Roland Chopard qui dirige depuis quelques décennies les belles éditions Æncrages & Co. Anges et Corbeau, texte sur lequel Gilbert Vautrin a travaillé pendant plusieurs années, a fait l’objet précédemment d’expositions (Saint-Dié, Nancy), sous forme de grands formats suspendus. Il est ici accompagné de sérigraphies d’Elisabeth Bard. « La mort fait de nous tous des anges / et nous donne des ailes / là où nous avions des épaules douces / comme des serres de corbeau. » Cette citation de James Douglas Morrisson ouvre l’ouvrage, une interrogation profonde sur le temps. Gilbert Vautrin appelle les disparus, convoque la mémoire : « chacun le soir vit avec ses ombres / ses ombres qui appellent » (…) « mais qui sommes-nous / tremblants devant le miroir ? » Tremblant aussi, ce corbeau dont la présence s’insinue tout au long de ce livre proche d’un testament poétique, tant les mots s’y délivrent sans concession. « Je ne suis plus de cette langue / de cette douleur dans la voix des hommes. » « Il est si difficile d’écrire, et de parler plus encore. »