par Colette Tron
Pour cette réédition attentive et respectueuse de l’originale, les textes, dont quatre nouveaux, sont établis par Marc Partouche, qui y avait travaillé en complicité avec l’auteur, et la postface à nouveau signée par Louis Bec, collaborateur et ami, tandis que Sandra Parvu rédige l’introduction et les notes, suite à ses recherches dans les archives Vilèm Flusser à Berlin. La plupart des textes sont issus de conférences dont une grande partie fut donnée dans le sud de la France dans les années 70 et 80 et dont la notoriété devint très vite internationale. L’étude et les recherches de Flusser étaient en effet originales, singulières et pertinentes, à la fois dans le contexte historique et technologique où elle s’est déployée mais encore aujourd’hui où seule l’anthropologie s’est tenue à observer les gestes. Théoricien, ou plutôt essayiste, ayant tenté cette approche comme un laboratoire de pensée, Flusser serait difficile à catégoriser, inventant lui-même ses propres méthodes, et déclinant une possibilité d’approche du geste en ontologie, déontologie, méthodologie et magie ! Qu’est-ce qu’un geste ? Car tout mouvement n’est pas un geste. Un réflexe conditionné est différent d’un geste. « C’est pourquoi la réponse à la question exige qu’on assume un point de vue différent : celui d’où les décisions sont prises ». Quel que soit le geste et sa cause, il n’est pas rationalisable. La liberté du geste en serait aussi son esthétique.