par Sébastien Hoët
« Pierre Ménard » est un pseudonyme très certainement inspiré de Borges. L’écrivain nous propose ici une page de format A1 usant du procédé du calligramme – on devine un visage à travers le jeu coordonné des phrases fragmentées, de tailles différentes et jouant des gris et noirs de la police de caractère. Dans ce brouillard de mots et de significations, on entrevoit le visage d’une passante, un sourire, une main posée sur le sable, la traversée d’un parc, le soleil qui brille, et la recherche prend consistance, à travers ces apparitions mêmes, d’une vérité, en somme, d’une vie : « je préfère ne pas vivre à ne pas vivre la vie qui me plaît » est-il répété. Cette recherche convoque une présence, résonne à « un appel mystérieux » et troublant, auquel aucune réponse ne semble pouvoir s’accorder. Cette déception du poème en fait la beauté fragile.