Roger Gilbert-Lecomte : La Vie, l’Amour, la Mort, le Vide et le Vent

 
par Gérard-Georges Lemairer

Sans doute a-t-on trop insisté sur l’affaire du Grand Jeu en enfermant Roger Gilbert-Lecomte (1907-1943) dans une forme de surréalisme teinté de mysticisme et d’ésotérisme. Artaud, dans sa préface de 1934, a très bien mis l’accent sur l’intériorité qui a été explorée par le poète et sur ce sens du « lyrisme moderne ». Ce livre, souligne-t-il aussi, possède une dimension orientale indéniable. Et c’est vrai. Mais pas du tout comparable à l’Orient cultivé par Paul Claudel. Pas de japonisme, ni de chinoiseries exotiques. Il a voulu mettre en page sa philosophie du monde (j’entends ici philosophie à la fois dans le sens commun et dans le sens consacré) en se servant des éléments comme la rose des vents des sentiments humains. La préface, « Le Drame de l’absence » est un manifeste de sa pensée, avec l’absence de Dieu et l’interaction éternelle de la vie et de la mort. C’est un peu une pérégrination dans le microcosme des grandes tensions spirituelles qui saisissent l’être humain, avec ses mille interrogations, ses peurs, ses fascinations, ses élans vers le haut et vers le bas. Il a traduit tout cela dans une forme libre, mouvante, qui mêle la tradition et l’avant-garde (parfois insinuant des jeux typographiques). Sa beauté réside dans cette confrontation qui accentue la confrontation entre les termes de sa quête intime.




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Préface d’Antonin Artaud
Choix et présentation de Zéno Bianu
Gallimard
« Poésie »
208 p., 7,10 €
couverture