Lou Raoul : Traverses

 
par Ludovic Degroote

Comme le laisse entendre l’incipit, Lou Raoul aborde avec les proses courtes de Traverses une matière autobiographique : « ici j’avance dans la reconnaissance et je laisse Else1 dormir un peu sa vie » ; la page suivante s’articule autour d’une expression curieuse, « du pont de vue de je », qui montre à la fois l’ancrage autobiographique et le travail de cette écriture qui s’emploie à décaler la langue. Le livre réunit trois ensembles qui tournent autour d’une relation amoureuse qui se délite, s’éloigne et se défait. Le second poème par exemple, Se déplace, s’ouvre par un vers étonnant : « bla-bla – bla-bla-bla-bla-bla – bla-bla » : langage de l’ex-amoureux qui cherche encore à faire illusion ou à s’amender de ne plus offrir de place à l’autre. La dimension narrative est présente, mais de façon sous-jacente : la priorité n’est pas de raconter mais d’essayer de dire ce qui se suspend, cette façon dont le vide peu à peu remplace la proximité, à travers un je et un tu de plus en plus espacés, dans la géographie comme dans la pensée, ou même les corps. Désordres que semble aussi exprimer une écriture marquée par les décalages et les ellipses, sur le plan grammatical comme sur le plan syntaxique.




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Isabelle Sauvage
80 p., 13,00 €
couverture

1. Personnage qui apparaît dans plusieurs de ses précédents livres.