Loïc Demey : Je, d’un accident ou d’amour

 
par Alexandre Ponsart

L’auteur nous informe qu’il a eu l’idée de ce texte en écoutant le poème Prendre corps de Ghérasim Luca chanté par Arthur H. En effet, Loïc Demey reprend de Ghérasim Luca la règle de supprimer les verbes et de les remplacer par des adjectifs, des adverbes ou encore des noms.

Sous une jaquette grise se trouve une couverture rouge. Rouge passion. Rouge foudroyant. C’est l’histoire d’une rencontre, d’un amour naissant entre Hadrien, le narrateur, et Adèle.
C’est au jardin du Luxembourg que la rencontre a lieu. Loïc Demey décrit le coup de foudre intellectuel : On s’entente, on s’osmose. On se fusion d’esprit. Mais c’est aussi un rapport charnel. Elle me peau, je la pulpe des doigts. On s’épiderme. Je me préservatif (…) Elle me coup de langue, me coup de hanche. Je l’à-coups, la contrecoups. On se secousses, cratère et volcanique.

Le jour, les amants se promènent dans Paris et discutent. Adèle me psychologie, je la Nietzsche, elle me Lacan, je la Socrate. On se connaissance de soi et ennui des autres. Le soir, ils se retrouvent et prennent du plaisir. Têtes, nuque, cheveux. Elle s’Aphrodite. Je m’aphrodisiaque (…) On s’amoureusement.

Mais, cette relation prend fin au cinquième jour. Hadrien ramène Adèle à la gare. Un geste, un dernier signe. Un ultime regard. Le train se rails. Elle se voie ferrée, je me sans voix. De tant de douleur, de cette séparation, Hadrien perdra le contrôle de son véhicule. Suite à l’accident, son langage est troublé, les verbes ont disparu. Je dérapage. Un arbre. Ma tête se coup dans le volant (…) depuis ma pensée se confusion et mon langage se désordre. En cause d’Adèle ?

C’est ainsi qu’Hadrien décide d’écrire son histoire avec Adèle. Histoire sans verbe. Elle m’obsession. Je la lèvres. Enfin. Elle me soleil et m’étoiles, je me astres à venir. Un enlacement (…) Un ultime baiser. Aller à l’essentiel. Dire l’amour. Dire Je, d’un accident ou d’amour.

Puis, un beau jour, à la lecture d’une lettre d’Adèle les verbes réapparaissent. J’ai reçu ce matin d’Adèle une lettre et subitement ma désorganisation s’est réorganisée. Mon déséquilibre s’est rééquilibré, mon désordre s’est réordonné. La raison ? La conjonction de coordination ou est remplacée par et. Car je, d’un accident et d’amour.

Malgré la contrainte d’écriture empruntée à Ghérasim Luca, Loïc Demey ne parvient pas à nous transporter comme peut le faire le texte de Luca.




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Cheyne
48 p., 16,00 €
couverture