Jean-Claude Milner : La puissance du détail

 
par Philippe Di Meo

Ce qui frappe d’emblée dans l’argumentation aussi riche que variée de l’auteur, et la diversité peu commune de ses intérêts, c’est tout d’abord la fidélité indéfectible à un idéal civique et un art particulièrement ductile de l’articulation, dont l’analyse d’énoncés littéraires ou philosophiques constitue une propédeutique conçue sinon comme préalable du moins comme heureux et utile exercice.
Car en filigrane, sous l’appréciation des fragments philosophiques, c’est tout au long une silhouette de citoyen qui se dessine avec insistance. Car l’analyse du verbe philosophique, littéraire introduit à l’analyse potentielle des discours, politiques inclus.
Dans cette démarche, le moment où les multiples fils du récit se nouent en une seule phrase est retenu. Celui-ci fait chatoyer ignorance et connaissance. Ceux qui comprennent et ceux qui ne comprennent pas participent à des effets de théâtre. Pourquoi des fragments plutôt qu’un corpus ou des corpora, alors ? Parce qu’une « culture ne forme pas un système », affirme l’essayiste. Est ainsi ménagée une dynamique sentie comme ouverture. Notamment au changement.
La culture, une culture donnée, s’assimile à un jeu de particules dégageant une énergie propre à susciter des perceptions. Là où faute d’usage, ces effets pourraient s’émousser, l’exercice vient les affiner à point nommé.




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Phrases célèbres et fragments en philosophie
Grasset
« Figures »
274 p., 19,00 €
couverture