par Michel Ménaché
Récits ou poèmes inspirés par un objet, telle est l’idée de la collection inaugurée à l’occasion de l’ouverture récente du Musée des Confluences. Télescopages est un titre hautement symbolique de la vocation de ce musée où se côtoient les trésors de la science et le tout venant des vide-greniers. Le livre comporte 22 poèmes sur une « poussière d’avant le soleil / En averse », pièce détachée de la météorite Allende, tombée dans l’état du Chihuahua le 9 février 1969, année où l’homme a posé le pied sur la lune… En exergue à ses textes jubilatoires sur ce fragment beaucoup plus ancien que notre soleil, Valérie Rouzeau a placé ce mot de Jean-Pierre Luminet : « C’est une météorite qui a du savoir-choir. » Et pour ce qui est du savoir-choir, Valérie Rouzeau, petite-fille de Prévert et Queneau, s’y entend ! Elle fait pleuvoir un inventaire des choses de la terre et des corps célestes avec la complicité fortuite ou forcée de ses pairs : « J’écris avec mes mots des autres », avoue-t-elle, d’un clic du roc à l’âme… Télescopages ludiques en rafales : « Il tombe de la matière primitive à verse / Et chacun peut faire son amour où il pleut… »
Faisant parler « les pierres messagères / Des lumineuses affaires solaires », Valérie Rouzeau donne à voir le fragment de la météorite Allende dans un kaléidoscope d’images, de citations détournées, de pépites de mots pétillants, pour nous assurer que « la route est belle de la terre jusqu’au ciel… »